Après le Formica, quelques matériaux des années cinquante : le contreplaqué, le rotin et la tôle perforée.
Le contreplaqué moulé
Contreplaqué, stratifié, lamellé, moulé, thermoformé décrivent nombre de meubles en bois des années cinquante. Ces nouvelles technologies élargissent la production du mobilier de même qu’elles autorisent des formes plus souples. Nous montrerons ici quelques modèles des décorateurs importants de la décennie: de Pierre Guariche, par exemple, la chaise Amsterdam, éditée par Airborne; ou encore le Fauteuil G10 et la chaise Papyrus, sièges édités par Steiner. De Pierre Guariche encore, le bureau 620, en teck stratifié et métal laqué, édité par Minvielle en 1955.




Charlotte Perriand crée l’enfilade Cansado en 1958, en stratifié au placage de frêne ou d’acajou selon les modèles, composée de quatre tiroirs et d’un espace de rangement fermé par deux portes coulissantes en formica l’une noire, l’autre blanche, sur un piètement en métal laqué noir.

De Jean Prouvé, nous retiendrons le fauteuil Antony (1954), à la structure en tôle laquée noire et à l’assise en contreplaqué moulé.

Le rotin


La Société industrielle du Rotin et l’éditeur Rougier sont les deux noms du rotin des années 50; tous deux éditèrent le mobilier des grands décorateurs. Par exemple, le fauteuil en moelle de rotin tissée et au piètement de hêtre à noeuds d’acier, de Joseph André Motte créé en 1949, fut édité par Rougier en 1950. La chauffeuse, en moelle de rotin également et à l’ossature en bois massif, dessinée par Jacques Dumont, fut éditée dès 1943 par la Société industrielle du Rotin et présentée à l’exposition « les arts de la table », organisée par la revue Art et Industrie à Paris, en 1948. Elle est exposée au Musée des Arts Décoratifs à Paris.


Des décorateurs comme Mathieu Matégot, avec la chaise Panama ou Jean Royère — avec une chauffeuse à grand dossier aux motifs ajourés en forme de losange et une assise en forme de jupe — créeront du mobilier en osier.

Cependant, le chantre du rotin est Louis Sognot. Il obtient le premier prix du Rotin au Salon des Artistes décorateurs en 1952.

Il est l’auteur d’une chauffeuse basse en rotin, exposée au Salon des arts ménagers en 1953, dont le piétement est formé de deux tableaux incurvés affrontés, soutenant, en suspension, une structure d’assise de forme libre souple, cintrée en partie médiane, tendue d’un tressage de rotin.

Il a également réalisé des salons complets en rotin.


Le salon Soleil de Jeanine Abraham, sortie major de l’école Camondo, et Dirk Jan Rol, issu de l’Ensaad, fut exposé au salon des arts ménagers de 1957. Réédité par Yota Design, il a été exposé au Bon Marché en 2013.
Le métal
Tôle perforée ou pliée, structure tubulaire: l’exemple de Mathieu Matégot


Né en 1910 en Hongrie, sorti de l’école des Beaux-Arts de Budapest, Mathieu Matégot s’installe à Paris en 1931. D’abord décorateur de théâtre, puis étalagiste aux Galeries Lafayette, c’est pendant la guerre, alors qu’il est prisonnier en Allemagne, qu’il travaille sur des chutes de tôle perforée. Rentré à Paris, il repense à ce matériau et à sa déclinaison, le Rigitulle, et décide de créer toutes sortes d’objets pour la maison. Il explore également les possibilités de la tôle ondulée de type « java ».


Mathieu Matégot travaille par collections, les petits objets sont édités en grand nombre, les autres en séries limitées.

Chaque modèle est le fruit de recherches, de coupes, de pliages, d’assemblages souvent inédits.
Le style de MM est pur : les lignes élégantes, les volumes équilibrés, la forme simple et légère rendent le style de MM identifiable facilement et en font un des éléments forts de l’esthétique des années cinquante. Certains de ses modèles sont réédités par l’éditeur danois Gubi, notamment la chaise Nagasaki — qui se décline également en tabouret — et les tables Kangourou.

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