L’abstraction faite marbre et pierre de taille occupe l’espace de la Carpenters Workshop Gallery, où temps, matière et architecture se rencontrent.
Carpenters Workshop Gallery

La Carpenters Workshop Gallery — qui tient son nom d’un premier espace, ancien atelier de charpentier, ouvert en 2006 à Londres dans le quartier de Chelsea — s’implique dans la recherche et la production d’œuvres qu’elle expose en éditions limitées. Les deux fondateurs, Julien Lombrail et Loïc Le Gaillard, accompagnent artistes et designers internationaux, émergents ou confirmés, pour dépasser la catégorisation entre art et design et se situer à la croisée de ces deux domaines.
Robert Stadler

La présente exposition Airspace met à l’honneur une nouvelle fois, après une première exposition en 2011, Robert Stadler, designer-sculpteur, dans une scénographie minimaliste et aérée.

Après avoir étudié le design à l’IED à Milan, puis à l’ENSCI à Paris, il cofonde, en 1992, le groupe RADI DESIGNERS (qui restera actif jusqu’en 2008). Depuis 2000, il vit à Paris et y travaille, répondant aussi bien à des commandes — par exemple l’exposition Quiz à l’ensemble Poirel à Nancy — qu’élaborant des projets personnels.

Les titres des œuvres, CUT-PASTE (console, coffee table, bench, etc.) et PDT (bench, mirror, etc.), reflètent deux angles d’approche pour aborder la matière et l’espace : l’une retranche, l’autre ajoute. L’une capte le regard, l’autre attire notre main qui se veut caresse, irrésistiblement.
CUT-PASTE

CUT-PASTE additionne les plans qui se coupent à angle droit dans une vision constructiviste. Simplicité de construction, mais richesse de matières ; lignes épurées mais marbres aux motifs riches et graphiques.

Des œuvres qui parlent de construction et de matière, qui indiquent leur structure et veulent la faire voir, qui imposent avec sûreté une froideur impassible, calme et belle.


Compositions d’horizontales et de verticales, sculptures fonctionnelles ou architectures faites meubles, ces créations sont constituées de matériaux utilisés dans les recouvrements de façades, principalement du marbre.

Le créateur recycle et récupère sur les chantiers de construction des chutes sciées et les sublime à nouveau dans un geste architectural d’un autre ordre : il coupe et fixe, juxtapose, dispose et oppose, décroche et décale, crée rythme et volume, engendre formes et façades, joue sur les vides et les pleins.

Notre regard suit une ligne, s’arrête à un angle, passe d’une verticale à l’autre, longe les horizontales et suit le parcours architectural du meuble-sculpture dans une dynamique renouvelée à chaque regard.


PDT
A l’inverse, PDT (pierre de taille) suit une logique d’enlèvement de la matière. Volumes et surfaces polies, lignes creusées et courbes esquissées s’érigent ou reposent dans un mélange de tension et de sérénité.
Nos yeux s’arrêtent et s’immobilisent dans la contemplation.


L’objet se donne comme un tout, s’offre dans l’immédiateté et se laisse englober dans un seul regard, paisible devant nos yeux silencieux. Une table aux courbes de galet laisse à voir sa pesanteur tranquille, comme usée par un temps indéfini. Un miroir s’érige comme un dolmen façonné, tandis qu’un banc lui répond dans son délaissement érodé.
Concrétudes et matières brutes transformées par le temps et l’artiste ponctuent l’espace de la galerie comme autant de vestiges architecturaux et rythment les va-et-vient de nos regards.
Du 17 janvier au 4 avril 2015.
Carpenters Workshop gallery
54 rue de la Verrerie
75004 Paris
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J’adore vous lire. Votre site est très beau, merci pour vos articles
merci beaucoup